Vous êtes diabétique, et vous voulez un enfant. Est-ce dangereux pour vous ou pour le bébé ? Comment éviter les complications ? Avant même de concevoir l’enfant, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin. Il est important de programmer avec lui cet évènement.
La grossesse de la femme diabétique est considérée comme une grossesse à risques. Cependant, elle peut se dérouler sans aucun problème, à condition que l’équilibre glycémique soit le plus parfait possible, au moment de la conception et pendant la grossesse. Il faudra donc une surveillance rigoureuse de la glycémie, et un suivi médical régulier.
La grossesse aggrave le diabète
Pendant la grossesse, l’organisme de la mère subit de profondes modifications. Le placenta sécrète en particulier une hormone, l’hormone lactogène placentaire (HLP), qui va augmenter l’insulinorésistance de l’organisme. Cette hormone est produite à partir de la cinquième semaine, et en quantité de plus en plus importante pendant les 9 mois.
Chez la femme non diabétique, le pancréas s’adapte et la sécrétion d’insuline augmente au fur et à mesure de la grossesse. Chez certaines, l’adaptation est insuffisante, et on arrive au diabète gestationnel qui disparaît après la grossesse. Chez la femme diabétique, on a bien entendu une aggravation des troubles et spontanément un accroissement du déséquilibre glycémique.
Les risques en l’absence de traitement
Si la femme diabétique ne modifie pas ses habitudes et son traitement, elle risque tous les troubles liés au diabète mal équilibré (l’hypertension, hypoglycémies, atteintes des artères….), mais surtout elle fait prendre d’importants risques à son bébé.
Au cours de la conception et du premier trimestre, le déséquilibre de la glycémie peut être à l’origine de malformations (fermeture incomplète du tube neural, cardiopathie congénitale, dysgénésie osseuse).
Au deuxième trimestre, les risques sont la macrosomie (enfant trop gros) ou l’hydramnios (trop de liquide amniotique) qui rendent l’accouchement difficile ou dangereux.
Au troisième trimestre, le déséquilibre retarde la maturation des poumons de l’enfant, et surtout le bébé risque l’hypoglycémie à la naissance.
Des cas de mort in utero, dont les causes ne sont pas forcément bien déterminées, ont été décrits. Il est donc capital de parvenir à un équilibre optimal du diabète.
Une grossesse programmée
L’idéal pour prévenir la survenue de malformations est d’avoir une glycémie équilibrée depuis au moins trois mois, et une hémoglobine glycosylée normale, au moment de la conception. Il faut donc programmer sa grossesse avec son médecin. Prenez le temps d’en parler longuement avec lui, posez lui toutes les questions que vous jugez nécessaires, et ne laissez pas dans l’ombre des points de détail. C’est de votre implication dans l’équilibre de votre diabète que dépendra la santé de votre enfant !
Comme pour tout diabétique, l’équilibre du diabète repose avant tout sur la diététique : les apports caloriques sont normaux mais l’apport de glucides repas par repas doit être parfaitement régulier. Si besoin, c’est peut être le moment de retourner voir un diététicien.
Ensuite il faudra revoir votre traitement.
- Si vous êtes diabétique de type 2 sous antidiabétiques oraux, ceux-ci sont de toutes façons pendant la grossesse. Il faut donc les arrêter avant la conception si c’est possible, et sinon dès que vous voulez être enceinte. Il vous faudra donc passer à l’insuline. Pour bien comprendre le traitement et comment l’adapter, l’idéal à ce moment là est une hospitalisation de quelques jours en milieu spécialisé ;
- Si vous êtes diabétique de type 1, vous êtes déjà sous insuline et vous connaissez ce traitement. Vous devrez probablement modifier vos doses habituelles, et les augmenter progressivement jusqu’à l’accouchement. Vous pouvez éventuellement avoir besoin de quelques jours d’hospitalisation, si vous n’êtes pas certaine de maîtriser totalement votre traitement.
- La consultation diabétologie doit être au moins mensuelle, Elle comporte, outre les conseils d’adaptation des doses nécessaires au vu des résultats portés sur le carnet d’autosurveillance glycémique, un bilan sanguin avec dosage de l’HbA1c qui reflète l’équilibre glycémique moyen sur les 2 derniers mois.
En général, le traitement repose sur 3 injections d’insuline par jour, voire 4. Si nécessaire vous aurez recours à la pompe à insuline (par exemple si vous avez des hypoglycémies en milieu de nuit et des hyperglycémies en fin de nuit). C’est une très bonne solution pour adapter finement vos doses d’insuline. Bien entendu, vous devrez faire votre autosurveillance tous les jours.
Il faudra en outre surveiller vos yeux et votre fonction rénale. Un examen ophtalmologique est recommandé tous les trimestres, et une surveillance régulière de la tension et des paramètres rénaux (Microalbuminuria, créatinine)
Un accouchement sous surveillance
Bien entendu votre glycémie sera surveillée de près pendant l’accouchement, ainsi que celle de votre bébé à la naissance.
Par la suite, vous devrez sans doute diminuer votre dose d’insuline. En effet, dès que le placenta est expulsé, il n’y a plus d’hormone lactogène placentaire. Cependant tout ne revient pas à la normale instantanément, et votre diabète pourra rester instable quelques semaines.
Si vous étiez sous antidiabétiques oraux, vous pourrez les reprendre tout de suite, sauf si vous allaitez. Dans ce cas il faudra attendre que votre enfant soit sevré. L’allaitement sous insuline ne pose aucun problème.
Sources :
- Ma grossesse avec un diabète, Fédération Française des Diabétiques
- Le grand livre du diabète, par le Pr Altman et les Drs Ducloux et Lévy-Dutel